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LA CHINE PREPARE-T-ELLE LA GUERRE?

Avec le survol de la partie taïwanaise du détroit par 37 avions militaires dont 4 bombardiers la semaine dernière, la Chine est allé au delà de l’avertissement classique, entamant pour certain ce qui ressemble à une répétition d’invasion. Point sur la situation.

LA CHINE PREPARE-T-ELLE LA GUERRE?

"Il n’y a pas de ligne médiane à Taiwan"

Pendant la visite de quatre jours du sous-secrétaire américain Keith Krach à Taiwan, qualifiée par Pékin de véritable "provocation", une opération d’"avertissement" a été lancée Vendredi, puis Samedi par l’aviation chinoise qui franchissait pour la troisième fois en une semaine la ligne médiane de contrôle du détroit de Taïwan.

Averti qu’il entrait dans les eaux territoriales de Taïwan, l’un des pilotes chinois s’est écrié à la radio: "Il n’y a pas de ligne de séparation", rejetant du coup la notion d’intégrité du territoire de Taïwan. Il faut dire que pour la Chine, Taïwan n’a jamais été un pays mais au contraire une région chinoise. Proclamée "République de Chine" en 1949 par les troupes de Chiang Kai-shek ayant fui l’avancée des communistes de Mao, la souveraineté de l’îleTaïwan a dans un premier temps été reconnue par la communauté internationale, suivant l’avis des États-Unis. Puis en 1971, renversement de situation avec le réchauffement des relations entre la Chine et les Etats-Unis qui conduit Taiwan à perdre son siège à l’ONU en 1971 au profit de la République Populaire de Chine.

Au nom du principe "une seule Chine", Taïwan est considérée par Pékin comme la "23ème région chinoise" et c’est aujourd’hui cette vision qui prévaut pour qui veut continuer à commercer avec la Chine. Durant les 50 dernières années, phases de détente et de tension se sont succédées entre l’île et le continent, le parti Kuomintang, favorable à la réunification, perdant finalement les élections face au DPP de la dirigeante Tsai Ing-wen, définitivement hostile à toute ingérence du continent. Il semble en effet que la mainmise de Pékin sur Hong Kong et la féroce répression des séparatistes Ouïghours aient refroidi les Taïwanais quant à la négociation avec un régime perçu comme liberticide.

Mer de Chine et Inde

Depuis plusieurs décennies maintenant, la Chine revendique également un large secteur en Mer de Chine Méridionale, construisant de véritables îles artificielles pour défendre ce qu’elle considère comme une partie de son territoire.

Il faut dire que cette zone maritime parsemée d’ilots administrés par la Chine, le Vietnam, les Philippines ou la Malaisie regorge de ressources naturelles et que les zones maritimes aux alentours des ilots se recoupent toutes dans le cadre de l’application des traités sur les eaux internationales. Altercations entre bateaux militaires chinois ou philippins et flottilles de pêche des pays respectifs dépêchées à dessein pour défier les garde-côtes adverses font craindre le déclenchement d’incidents armés. Sur ce point, la Chine déclare unilatéralement "qu’elle ne tirera pas le premier coup de feu", créant pourtant toutes les conditions pour une escalade militaire.

Il y a un moins enfin, c’est une patrouille chinoise qui s’aventurait en zone contestée et contrôlée par l’Inde dans la région disputée du Kashmir, entrainant un véritable massacre, aucun coup de feu n’étant tiré certes mais l’affrontement ayant lieu à coup de bâtons et de pierres, pour un bilan encore tenu secret côté chinois mais que l’on estime à une quarantaine de morts, l’Inde perdant 20 hommes.

Le tabloïd chinois "Global Times", réputé pour son discours belliciste, est désormais en première ligne dans les attaques de la Chine sur le volet territorial et frontalier, envisageant ouvertement les termes de conflits armés avec les Etats Unis ou l’Inde, Taiwan n’étant pas un adversaire puisqu’officiellement déjà partie intégrante de la Chine. C’est dans ce contexte tendu que des experts militaires américains dont Drew Thompson, ancien cadre du Pentagone, estiment que les incursions de l’aviation chinoise dans le secteur contrôlé par Taiwan, au-delà du message politique, vise aussi à tester les défenses taïwanaises en cas de sorties aériennes simultanées.

Élections américaines et Chine

Avec les élections de Novembre et les violences sociales qui ont secoué récemment les Etats Unis, le maintien au pouvoir de Donald Trump reste encore incertain. Aussi un coup de force chinois dans la région pourrait bien faire hésiter les États Unis, protecteur revendiqué de Taïwan, à rentrer dans un conflit militaire avec la Chine dans un contexte de crise politique ou sociale. Cependant un changement de direction à la Maison Blanche ne signifierait pas pour autant une amélioration des relations avec la Chine. En effet, la reprise en main des affaires de Hong Kong par Pékin a coalisé contre elle les deux mouvances politiques sur le terrain des relations diplomatiques avec la Chine. Par ailleurs, face à de grands enjeux tels qu’un conflit armé potentiel, les Américains pourraient finalement avoir tendance à soutenir le président Trump et l'équipe actuelle très vindicative vis à vis de Pékin, détournant du coup leur attention des questions de politique intérieure. Nous sommes malheureusement rentrés dans une nouvelle période d’incertitude liée à la redistribution mondiale des cartes, la montée des courants nationalistes rappelant hélas d’autres moments sombres de notre histoire. A suivre.

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