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AVEC LES RESTRICTIONS DE VOYAGE LIEES A LA CRISE SANITAIRE, PLUSIEURS COMPAGNIES PROPOSENT DESORMAIS

il n’aura fallu qu’une petite dizaine de minutes pour écouler les 134 billets, en dépit d’un prix variant entre 500 et 2 300 euros.

AVEC LES RESTRICTIONS DE VOYAGE LIEES A LA CRISE SANITAIRE, PLUSIEURS COMPAGNIES PROPOSENT DESORMAIS DES VOLS AVEC UN LIEU DE DEPART ET D’ARRIVEE IDENTIQUE. EN ASIE ET EN AUSTRALIE

« C’est probablement le vol qui s’est vendu le plus rapidement de l’histoire de Qantas », s’étonnait d’ailleurs le président-directeur général de la compagnie australienne, Alan Joyce. Car si le vol QF787, qui doit décoller de Sydney le 10 octobre, va survoler plusieurs joyaux océaniens comme la grande barrière de corail ou encore le rocher sacré d’Uluru, il atterrira, sept heures plus tard… exactement au même endroit.

Depuis plusieurs semaines, des vols « sans destination » se multiplient – notamment en Asie. En juillet, China Airlines, compagnie sise à Taïwan, avait ainsi proposé à la population en mal de voyage de « faux » vols, raconte l’agence de presse Reuters. Cartes d’embarquement, mais aussi contrôles des passeports et consignes de sécurité à bord, tout y était… A ceci près que l’avion n’avait jamais quitté le tarmac. En août, la compagnie avait réajusté l’expérience en effectuant, cette fois, deux véritables vols depuis Taipei.

Le même mois, une autre compagnie taïwanaise, Eva Air, a affrété l’un de ses jets aux couleurs du personnage de fiction Hello Kitty, au départ et à l’atterrissage de l’aéroport international Taoyuan. Au programme : 2 h 45 de vol à une altitude de 20 000 à 25 000 pieds au-dessus de Taïwan et de l’archipel japonais des Ryukyu. Fin août, c’est la compagnie nippone All Nippon Airways qui proposait un vol panoramique de 90 minutes à bord d’un de ses A380 : les passagers ayant droit à une expérience de type « station balnéaire hawaïenne » à l’aéroport et à bord de l’appareil, qui assure normalement la liaison entre Tokyo et Honolulu.

La Royal Brunei Airlines, compagnie nationale de ce petit Etat situé sur l’île de Bornéo, offrait quant à elle un circuit touristique « Dine & Fly » de 85 minutes. D’après le quotidien Borneo Bulletin, les 99 places disponibles pour le premier vol se sont vendues en 48 heures. Depuis, la compagnie en a affrété d’autres. Et le succès semble toujours au rendez-vous. Un des passagers interrogé par le magazine Vice racontait ainsi que l’ensemble des billets en classe affaires pour le « vol » du 20 septembre avait déjà été vendu avant même le 1er du mois.

S’il reconnaît que l’expérience peut sembler incongrue, voire « ridicule », Willy Kong, lui, ne regrette pas les 93 euros que lui a coûtés son billet :

« Beaucoup de gens peuvent avoir l’impression que monter dans un avion, c’est juste pour vous emmener d’un point A à un point B. Pour moi, être dans un avion est en fait l’une des parties les plus excitantes de l’expérience. »

Le jeune homme n’avait pas quitté le sol de son pays depuis le mois de février, alors quand les réservations pour les « Dine & Fly » ont ouvert, « la démangeaison de voyager à nouveau s’est fait sentir – même si c’est juste d’être à nouveau dans un avion et de voyager vers “nulle part” », détaille-t-il.

Contre-propositions écologiques

Chen Shu-Tze a déboursé l’équivalent de 200 euros pour monter à bord d’un vol de la compagnie à bas coût Tigerair Taiwan et survolé l’île de Jeju, en Corée du Sud. Les billets, qui s’accompagnent d’un bon valable un an pour un aller-retour depuis Taïwan vers le Pays du matin calme, se sont écoulés en 4 minutes. « La pandémie a un impact dévastateur sur le tourisme et l’industrie aérienne, je veux aider à relancer l’économie, et l’avion me manque », a expliqué cette ingénieure de 44 ans, à Reuters.

Le secteur a en effet été durement touché par la crise sanitaire. Alors que des restrictions de circulation sont encore en vigueur dans de nombreux pays, le site Statistica fait état d’une baisse de 48 % des vols réguliers dans le monde pour la semaine du 21 septembre, par rapport à la même période en 2019. Le retour aux niveaux d’avant la pandémie ne devrait intervenir qu’en 2024.

En juin, l’Association internationale du transport aérien déclarait ainsi que « 2020 sera[it] la pire de l’histoire de l’aviation », avec des pertes estimées à plus de 84 milliards de dollars (71 milliards d’euros). En Europe, plusieurs compagnies, à l’instar d’Air France-KLM ou de l’allemande Lufthansa, ont reçu des fonds de leur gouvernement de tutelle pour éviter l’effondrement. Certaines autres, comme Virgin Atlantic ou Thai Airways, ont déjà déposé leur bilan.

A Singapour, où il n’existe aucune liaison intérieure, la situation est délicate : en juillet, le transport de passagers au sein du groupe Singapore Airlines (SIA) – qui comprend SIA, sa branche régionale SilkAir et la compagnie aérienne à bas prix Scoot – a chuté de 98,6 % par rapport à 2019. Le 10 septembre, le groupe a fait savoir qu’il allait licencier environ 2 400 employés dans la cité-Etat et à l’étranger, rapporte le journal local anglophone Today.

Alors comment générer des revenus pour atténuer les pertes ? Les dirigeants du groupe SIA ont envisagé de mettre en place, à leur tour, des vols vers nulle part. D’autant que cette solution présente plusieurs avantages indéniables : faire voler les appareils, s’assurer que les pilotes ne perdent pas la main, mais aussi mobiliser des équipages qui seraient autrement au chômage technique.

Mais c’est sur le plan environnemental que le problème se situe : avec ou sans destination, l’avion reste un moyen de transport polluant. Ainsi, à Singapour, un appel à contribution citoyenne à l’initiative d’associations écologistes a permis de mettre au jour plusieurs centaines de contre-propositions pour que la SIA puisse générer des revenus complémentaires, sans avoir à faire décoller ses avions du tarmac.

La compagnie australienne Qantas a quant à elle promis qu’elle paierait pour compenser les émissions de carbone de son vol panoramique depuis Sydney. Bien que les critiques aient noté que cela ne réduirait pas réellement les émissions.

L’industrie aéronautique a généré 915 millions de tonnes d’émissions de carbone en 2019, ce qui représente 2 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Une étude de l’Australia Institute, un groupe de réflexion sur l’environnement, prévoit que les émissions pourraient diminuer de 38 % cette année en raison des vols annulés par la crise sanitaire.

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