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JAPON : LE NOUVEAU PREMIER MINISTRE VISERA DES RESULTATS RAPIDES

Suga sera pragmatique, ne cherche pas une vision stratégique-analyste. Il veut des résultats visibles par les ménages. Les réformes douloureuses viendront dans un second temps. Le gouverneur de la Banque du Japon optimiste.

Le nouveau Premier ministre japonais, Yoshihide Suga, va poursuivre les réformes structurelles engagées par son prédécesseur, Shinzo Abe, en ciblant des secteurs spécifiques dans une optique de résultats à court terme au lieu d'un grand plan stratégique visant à remodeler l'ensemble de la société japonaise et à soutenir la croissance à long terme.

Fin connaisseur de la bureaucratie japonaise, Yoshihide Suga connait les leviers à actionner pour parvenir à des résultats, expliquent des responsables du gouvernement et du Parti libéral démocrate (PLD) au pouvoir, proches du nouveau Premier ministre ou ayant travaillé avec lui.

Mais soucieux d'obtenir un soutien populaire, disent-ils, il cherchera dans un premier temps des résultats rapides qui lui donneront la crédibilité politique nécessaire pour mener par la suite des réformes plus difficiles.

"Il n'est pas à la recherche d'une vision. C'est quelqu'un qui veut atteindre de petits objectifs un par un", commente Atsuo Ito, analyste politique et ancien membre du PLD.

"Il se concentrera d'abord sur des objectifs pragmatiques qui ont un impact direct sur la vie des citoyens", ajoute-t-il.

Le nouveau Premier ministre japonais a promis de poursuivre la politique de son prédécesseur, connue sous le nom des Abenomics, dont l'objectif est de permettre à l'économie nippone de renouer avec une croissance auto-entretenue et d'écarter définitivement la menace déflationniste grâce aux "trois flèches" de l'assouplissement monétaire massif, des dépenses budgétaires et des réformes structurelles.

Mais à la différence de Shinzo Abe, au chapitre des réformes structurelles, Yoshihide Suga souhaite d'abord stimuler la concurrence et non procéder à un changement en profondeur du modèle japonais.

Pour Yoshihide Suga, la réforme économique sera en elle-même une priorité, contrairement à Shinzo Abe, dont les projets de réformes comprenaient un volet politique plus large intégrant notamment la question de la révision de la constitution pacifiste du Japon.

Le temps est en outre compté pour le nouveau Premier ministre, dont le mandat est limité à seulement un an, Yoshihide Suga ayant pris la suite de Shinzo Abe, qui a démissionné pour raisons de santé. Pour aller au-delà de cette échéance, de nouvelles élections législatives seront nécessaires.

POLITIQUE DE DÉRÉGLEMENTATION

Pour obtenir des résultats rapides et visibles par les ménages, Yoshihide Suga devrait s'attaquer aux opérateurs de téléphonie mobile afin qu'ils réduisent d'environ 40% les frais prélevés aux consommateurs. Il pourrait aussi agir sur le salaire minimum.

"En ce moment, il doit se concentrer sur des questions à très court terme comme la manière de stimuler l'économie", a déclaré Heizo Takenaka, ministre des Affaires intérieures sous le gouvernement de Junichiro Koizumi.

Heizo Takenaka estime qu'en favorisant une plus grande concurrence entre les opérateurs télécoms, Yoshihide Suga afficherait un message politique très symbolique, ce qui pourrait lui permettre de poursuivre des réformes plus audacieuses comme la libéralisation du secteur de la santé, une consolidation des banques régionales et la suppression des barrières qui entravent la concurrence entre les petites et moyennes entreprises.

Aux yeux de certains responsables du gouvernement, l'accent mis par Yoshihide Suga sur la déréglementation rapproche sa politique de celle de Junichiro Koizumi, qui a consolidé les grandes banques et dérégulé le marché du travail au début des années 2000.

La tâche qui attend cependant Yoshihide Suga est immense: il doit mener des réformes douloureuses alors que le Japon peine à émerger de la pire crise d'après-guerre.

Le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Haruhiko Kuroda, s'est toutefois montré plus optimiste jeudi qu'en juillet sur la situation de l'économie japonaise, estimant qu'aucune mesure supplémentaire de soutien n'était nécessaire dans l'immédiat pour contrer les effets de la crise sanitaire. (Leika Kihara et Tetsushi Kajimoto, avec Kaori Kaneko, Daniel Leussink et Ritsuko Shimizu; version française Claude Chendjou, édité par Jean-Michel Bélot)

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