JAPON : DES SOCIETES SPECIALISEES AIDENT LEURS CLIENTS A DISPARAITRE
Chaque année, des dizaines de milliers de Japonais décident de disparaître totalement et sont épaulés par des sociétés spécialisées.
Au pays du soleil levant, on les appelle "johatsu". Les évaporés. Chaque année, environ 100.000 personnes disparaissent volontairement dans le pays. Ils fuient parfois un surendettement, un mariage abusif, une relation malheureuse, une situation de détresse dont il est impossible de se sortir, a fortiori dans la société japonaise.
Qu'ils soient célibataires, parents, mariés, ils disparaissent du jour au lendemain à la conquête de l'oubli de ceux qui les ont connus. Le phénomène a atteint une telle ampleur que des entreprises se sont spécialisées dans ce type de disparitions, comme nous le raconte Ouest France.
Ces entreprises participent activement à "la disparition de leurs clients", qu'elles accompagnent dans l'étonnante démarche. Ainsi sont proposés des "déménagements de nuit" permettant à celui ou celle qui voudrait disparaître d'être hébergé dans un endroit, secret, loin de qui pourrait vouloir partir à sa recherche.
Aider les gens à commencer une deuxième vie
Selon le quotidien, il en coûtera en moyenne plus de 3.000 euros même si les tarifs sont, comme tout ce qui entoure les entreprises du secteur, secrets et mystérieux.
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Interrogé par la BBC, Sho Hatori, ancien dirigeant d'une entreprise de ce type appelée Nighttime Movers, explique : "En temps normal, un déménagement est quelque chose de positif : l’entrée à l’université, l’obtention d’un nouvel emploi ou un mariage. Mais il y a aussi des déménagements tristes, comme l’abandon des études ou la perte d’un emploi. Ce que nous avons fait, c’est aider les gens à commencer une deuxième vie."
L'institution britannique a réussi à mettre la main sur un homme qui un jour, a décidé de s'éclipser définitivement. Père de famille, il a disparu il y a un an, emportant avec lui une simple valise, fatigué des "relations sociales".
Un phénomène accentué en temps de crise
L'homme vit désormais dans une maison des bas-fonds de Tokyo, accueilli par une société dirigée par une femme qui, elle aussi, a fait ce choix. Elle fuyait, il y a 17 ans une relation abusive. Elle assure aujourd'hui ne jamais juger ceux qu'elle accueille. "Je ne dis jamais : votre cas n’est pas assez sérieux. Chacun a ses propres problèmes."
Dans les années 1990, le phénomène s'est accentué après une importante crise économique. Les disparus étaient de plus en plus nombreux. Mais plus il a d'importance, plus le sujet est tabou au sein de la société japonaise qui, compte tenu de la crise provoquée par la pandémie, pourrait être contrainte de s'y atteler.