LE SPECTRE DE LA DEFLATION MENACE L’EUROPE
L’inflation est entrée en territoire négatif pour la première fois depuis 2016 dans la zone euro, ce qui traduit un recul des prix à la consommation.
Rentrée choc sur le front de la conjoncture économiq
ue en Europe.
L’inflation est entrée en territoire négatif pour la première fois depuis 2016 dans la zone euro, ce qui traduit un recul des prix à la consommation. La première estimation de l’inflation pour le mois d’août, publiée mardi par Eurostat, fait état d’un taux de - 0,2% (contre + 0,2% attendu). Un recul tiré en large partie par l’énergie et les produits industriels non énergétiques. Mais la tendance est profonde, comme le montre la chute inédite du niveau de l’inflation sous-jacente - hors effets volatils de l’énergie et de l’alimentation - qui tombe à son plus bas niveau historique, à 0,4% sur un an, contre 1,2% en juillet.
Ce recul des prix est en partie dû au décalage de la période des soldes d’été dans plusieurs pays, dont la France ou l’Italie, à la baisse de la TVA en Allemagne et à la chute des prix des forfaits touristiques, notamment en Espagne. La baisse est particulièrement prononcée en Belgique (- 1,5%) et en Italie (- 1,3%). En France, elle atteint - 0,1%. En dehors de ces effets conjoncturels, cette désinflation signale l’échec des politiques publiques à encourager les consommateurs à dépenser.
Réunion de la BCE
Un casse-tête pour la Banque centrale européenne (BCE), qui a injecté plusieurs centaines de milliards d’euros dans l’économie pour éviter son effondrement depuis le début de la pandémie. Or ces injections massives de liquidités n’ont pas suffi à soutenir un redémarrage qui se manifesterait par une hausse, même modeste, des prix. Les projections de la BCE ne tablent sur un retour de l’inflation aux alentours de 0,9% qu’à l’horizon 2022 - encore loin de son objectif de stabilisation proche de 2%. Son conseil de politique monétaire doit se réunir la semaine prochaine. Si de nouvelles mesures accommodantes ne sont pas attendues dans l’immédiat, ce risque déflationniste devrait à moyen terme justifier la poursuite d’une politique d’assouplissement monétaire sur la durée. Dans le même temps, le taux de chômage ne fait que commencer à s’envoler, à 7,9% pour la zone euro en juillet.