MALI : DEJA TOUCHES PAR LES SANCTIONS IMPOSEES AU PAYS PAR LA CEDEAO, LES MALIENS S’ATTENDENT A DES
Après la démission forcée du président Ibrahim Boubakar Keïta, analyse le site Benbere. C’est un épisode de plus dans le cumul d’événements qui ont propulsé le Mali au beau milieu d’une crise sociopolitique dont il était déjà bien en peine de remonter la pente.
Le président Ibrahim Boubacar Keïta a démissionné. Cerise sur le gâteau de ce qui n’est autre qu’un coup de force militaire opéré par le Comité national pour le salut du peuple (CNSP), l’Assemblée nationale et celle du gouvernement restreint en place depuis seulement quelques semaines ont été dissoutes.
Quel que soit le tableau de bord utilisé pour justifier cette rupture ou la condamner, il est incontestable que les derniers développements au Mali ouvrent une phase d’incertitude dans un pays où tous les voyants étaient depuis longtemps au rouge.
Tant que des militaires seront au pouvoir, la pression des chefs d’État de la Cédéao pèsera toujours sur le Mali. Cela au grand dam de Mountaga Tall, membre du Mouvement du 5 juin. « La Cédéao elle-même reconnaît qu’il y a aujourd’hui une terrible crise dans la sous-région, sécuritaire, sanitaire, économique. Pourquoi plonger les Maliens encore un peu plus dans cette difficulté alors qu’en écoutant les solutions androgènes on peut l’aider à en sortir », questionne-t-il.
Décidément, ce mois d’août ne laisse aucun répit aux Africains de l’Ouest comme aux observateurs de cette région. À la journée de contestation mouvementée du 13 août en Côte d’Ivoire, où six personnes ont été tuées, s’est ajouté le coup d’État du 18 août au Mali. Celui-ci est vécu par les opinions publiques ouest-africaines comme une victoire de l’opposition au Président Keïta, alors même que cela n’est, bien entendu, pas aussi simple et limpide.
Il n’empêche, ils sont nombreux à estimer que la destitution d’Ibrahim Boubakar Keïta est le fruit de la victoire du peuple malien. Les premiers à s’en réjouir sont les oppositions ivoiriennes et guinéennes qui se retrouvent, elles aussi, prisonnières d’une crise politique sans issue. «L’exemple» malien pourrait-il être une solution à leur problème?
Le journaliste guinéen Marouane Camara exprime ainsi une opinion assez largement partagée: «Toute armée qui portera les aspirations nationales contre des mal élus et qui prendra les choses en main sans effusion de sang pour rétablir la démocratie, c’est-à-dire la voix véritable du peuple, et ensuite retournera dans les casernes, cette armée-là aura l’onction populaire. Trop c’est trop! Le Mali a donné le ton du dégagisme.»
La Cedeao, une institution démonétisée
Dans ces conditions, les communiqués de la Cedeao et les sanctions que cette organisation sous-régionale a prises, le 19 août, à l’encontre du Mali ont été très mal perçus: fermeture des frontières, arrêt des transactions financières et de tous les flux économiques avec le Mali, rétablissement d’Ibrahim Boubacar Keïta dans ses fonctions, menace d’intervention militaire.