JAPON : APRES LA DEMISSION PREMIER MINISTRE SHINZO ABE LA COURSE A LA SUCCESSION EST LANCEE
Malade, le premier ministre japonais Shinzo Abe tire sa révérence, celui qui est resté le plus longtemps premier ministre du Japon laisse cependant un bilan en demi-teinte.
Il aura échappé à tous les périls, sauf au plus humain : la maladie. Après avoir été le plus long détenteur du poste de premier ministre de l'histoire du Japon, Shinzo Abe a annoncé vendredi sa démission, terrassé par la colite ulcéreuse qui le poursuit depuis sa jeunesse. Une pathologie déjà responsable de son premier départ en 2007, après une petite année d'exercice du pouvoir. À l'époque personne ne donnait cher de son avenir politique. Cinq ans plus tard, ce « comeback kid » à la japonaise ravissait la magistrature suprême, profitant de la débandade d'une opposition trop légère dans sa gestion du pouvoir.
En 2012 encore, ce cheval de retour n'impressionnait guère. Issu de la frange revancharde et conservatrice du Parti libéral démocrate, il incarnait, malgré son jeune âge, le passé plutôt que l'avenir. Qui aurait pu prédire, qu'après avoir été l'un des premiers ministres les plus brefs de l'histoire du pays, il emporterait à ce même poste, treize ans plus tard, le record de longévité ?
Tokyo | Au lendemain de l’annonce surprise de la démission du premier ministre japonais, Shinzo Abe, la course contre la montre pour lui succéder a débuté samedi avec de premiers candidats ayant commencé à se manifester au sein de son parti.
Au pouvoir depuis fin 2012, M. Abe, 65 ans, a déclaré vendredi qu'il comptait jeter l'éponge, fragilisé par le retour d'une maladie inflammatoire chronique de l'intestin, la rectocolite hémorragique, ou colite ulcéreuse.
Cette maladie avait déjà été l’une des raisons de la fin précipitée de son premier mandat de premier ministre en 2007, au bout d’à peine un an d’exercice du pouvoir. M. Abe a toutefois précisé qu'il resterait à son poste jusqu'à ce que son successeur soit désigné. Les modalités de ce processus n’étaient pas encore tranchées à l'heure actuelle. Selon la presse japonaise, plusieurs options étaient à l'étude.
La formation politique de M. Abe, le Parti libéral-démocrate (PLD), pourrait se choisir un nouveau chef en organisant une élection interne classique, impliquant à la fois ses parlementaires et tous les adhérents du parti au niveau national.
Mais face à l'urgence de la situation et aux contraintes liées à la pandémie de coronavirus empêchant les grands rassemblements, le PLD pourrait recourir à un processus électoral réduit et accéléré, où seuls ses parlementaires et élus régionaux seraient invités à participer. Les modalités du scrutin devraient être déterminées dans le courant de la semaine prochaine. En fonction du mode retenu, certains candidats seraient plus favorisés que d'autres. Quelques-uns sont déjà entrés dans l’arène, comme le chef de la stratégie politique du PLD, Fumio Kishida, 63 ans, un ancien ministre des Affaires étrangères plutôt discret, qui était longtemps considéré comme le favori de M. Abe pour lui succéder.
L’ancien ministre de la Défense Shigeru Ishiba, 63 ans, est aussi déjà sur les rangs. Surtout populaire auprès de la base du PLD, il risquerait d’être désavantagé dans le cas d’un vote réduit aux élus du parti.
Outre ses problèmes de santé et la chute de sa cote de popularité, le branle-bas de combat dans les coulisses de son mouvement, le Parti libéral-démocrate (PLD), observé ces derniers jours tendait à indiquer que Shinzo Abe perdait pied et que la course à sa succession était bel et bien lancée.
M. Abe a dépassé le 24 août en matière de longévité au pouvoir son grand-oncle, Eisaku Sato (premier ministre de 1964 à 1972). Il restera en poste jusqu’à la désignation de son successeur, dont le choix va donner lieu, comme souvent en politique au Japon, à des arbitrages à huis clos, scandés de déclarations sibyllines des caciques du PLD, qui refléteront plus les équilibres de pouvoir entre ses cinq grandes factions (clans) que des orientations politiques. Le nouveau dirigeant sera choisi lors d’un vote des adhérents et élus du parti.