LA SECHERESSE FAIT GRIMPER LES COURS DU MAÏS EN EUROPE ET AUX ETATS-UNIS
Dans le Midwest américain, la terre est sèche et le soleil de plomb, au point que les plants de maïs commencent à brûler sur place.
Selon les dernières données du ministère américain de l'agriculture (USDA), seuls 64 % des maïs sont en bonne ou excellente condition, contre 69 % la semaine précédente.
Dans l'Iowa, principal producteur aux Etats-Unis, la situation est encore pire. Début août, la tempête Derecho a couché des champs entiers. La société de conseil Pro Farmer a organisé un tour dans l'Etat pour mesurer l'étendue des dégâts. Résultat ? Le rendement par acre devrait s'élever à 177,5 boisseaux contre 181,8 auparavant.
Même sort en Europe
L'Etat est le plus mal en point, l'USDA estime à 50 % seulement le pourcentage de maïs en bonne ou excellente condition. Le temps devrait se rafraîchir et s'humidifier en cette fin de semaine, mais ce sera trop tard pour améliorer substantiellement la récolte, font remarquer les observateurs.
L'Europe connaît le même sort avec une forte vague de chaleur qui s'est abattue sur le continent. De la France à l'Ukraine, les conditions météorologiques mettent sous pression les rendements des champs de maïs. « C'était le temps parfait pour passer ses vacances en terrasse, mais pas pour les récoltes », résume auprès de Bloomberg Stefan Vogel, analyste chez Rabobank.
La Chine à l'achat
Sur les marchés à terme de Chicago, l'effet ne s'est pas fait attendre : le boisseau de maïs, environ 25 kilogrammes, a progressé de 11 % depuis son plus bas début août pour remonter à 3,57 dollars. Les cours restent encore loin des niveaux qui ont précédé la crise du coronavirus et l'effondrement du pétrole.
Du côté de la demande aussi, les indicateurs plaident pour une remontée des prix. D'abord, les achats chinois de produits agricoles ont repris de plus belle ces dernières semaines. Mardi encore, Pékin a commandé 408.000 tonnes de maïs aux Etats-Unis, signe que le réchauffement des relations sino-américaines se concrétise.
Reprise de la consommation d'éthanol
Ensuite, le marché de l'éthanol semble moins sinistré que pendant le confinement généralisé. « Nous avons observé un bond de la consommation d'essence, au plus haut depuis 5 mois, la portant près de ses niveaux d'avant covid, explique dans une note Arlan Suderman du courtier StoneX, ce qui laisse bon espoir d'avoir un retour de la demande en éthanol ».
Les équipes de recherche d'ABN Amro rappellent que le principal moteur des cours du maïs a été la pandémie de coronavirus . « La demande en éthanol était globalement faible en raison du confinement » qui a mis à l'arrêt la circulation automobile. En parallèle les cours du brut se sont effondrés : « un prix du pétrole bas rend la production d'éthanol à partir de maïs bien moins attractive financièrement », insistent les analystes de la banque néerlandaise.
Recul des paris à la baisse
La remontée des prix est aussi liée au changement de sentiment sur le marché. « Les ravages de la tempête, la forte demande chinoise et la sécheresse dans le Midwest ont poussé les opérateurs de marchés de marché à court terme à revoir leurs positions », relève Michaela Helbing-Kuhl de Commerzbank. Les paris à la baisse ont atteint leur plus bas niveau depuis avril relâchant ainsi la pression sur les cours.
Cette hausse est-elle durable ? « Le marché du maïs restera sous l'influence de la covid-19 et de la tendance des prix du pétrole », souligne-t-on chez ABN Amro. Si les risques de reconfinement généralisé demeurent limités, les cours de l'or noir eux peinent à remonter nettement. « L'une des questions principales qui demeure en suspens, c'est de savoir si la Chine va continuer d'acheter du maïs », prévient-on chez StoneX. Malgré tous les déboires météorologiques, la récolte américaine devrait être la deuxième meilleure de l'histoire, rien de nature à faire exploser les prix.