NIGER : L'ONUDC SENSIBILISE A LA TRAITE DES PERSONNES ET AU TRAFIC DE MIGRANTS A LA FRONTIERE AV
Les réseaux criminels qui font le commerce de la vie des personnes par le biais de la traite des êtres humains et du trafic de migrants développent leurs activités illicites au Niger au niveau national et international, a averti lundi l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans un communiqué.
"Les autorités nigériennes ont fait de la lutte contre ce phénomène une priorité du gouvernement", a déclaré Maman Sadissou Laouali, chargé du projet national de l'ONUDC sur la traite des êtres humains et le trafic de migrants au Niger.
Il précise que cet État enclavé est un point de départ, de transit et de destination pour les victimes de ces crimes et est un pays de transit principal pour les migrants ouest-africains qui tentent d'atteindre l'Europe via l'Afrique du Nord.
"Cependant, de nombreux fonctionnaires, en particulier ceux qui opèrent le long des postes frontières d'où les migrants d'Afrique de l'Ouest entrent au Niger, ne sont pas encore suffisamment informés sur la traite et le trafic de migrants", a souligné le responsable du programme de l'ONUDC contre la traite des personnes dans le pays sahélien.
Pour contrer cette lacune, l'ONUDC a organisé des ateliers de sensibilisation aux postes frontières dans tout le pays, en collaboration avec l'Agence nationale de lutte contre la traite des personnes et le trafic de migrants (ANLTP/TIM).
l y a encore peu de temps, le Niger était le principal pays de transit des migrants subsahariens en route vers l’Europe. La ville d’Agadez constituait alors la dernière étape, un point de concentration et d’équipement logistique, avant d’attaquer l’enfer du Sahara jusqu’aux côtes méditerranéennes de Libye ou d’Algérie, puis l’Europe pour les plus chanceux. « En 2015 et 2016, 100 000 migrants arrivaient chaque année à Agadez, rappelle Hassoumi Massaoudou, actuel ministre des finances, qui détenait alors le portefeuille de l’intérieur. En 2017, il n’y en avait plus que 20 000. » Les chiffres de l’Office international des migrations (OIM) sur la même période sont presque trois fois plus élevés, mais ils affichent la même tendance : un trafic divisé par cinq.
« Chute spectaculaire »
Au ministère de l’intérieur, Hassoumi Massaoudou fut le grand artisan de l’application fin 2016 d’une loi datant de 2015, restée jusqu’alors lettre morte, punissant de manière drastique le trafic de migrants. L’Europe a applaudi, en premier lieu la France, qui a fait du Niger l’un de ses meilleurs alliés dans la région sur le front de la lutte contre le terrorisme et du contrôle des candidats au départ originaires pour beaucoup de pays voisins, membres comme lui de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). L’OIM a aussi salué cette « chute spectaculaire » obtenue grâce à des « mesures énergiques ».
La population nigérienne est moins enthousiaste. Une centaine de véhicules servant à convoyer les candidats au départ ont en effet été saisis par la police, des passeurs ont été arrêtés, jugés et condamnés. Toute une économie florissante et officielle – transporteurs, commerçants, logeurs, rabatteurs… – a été anéantie dans ce pays qui figure parmi les plus pauvres du monde. Et plus particulièrement la région d’Agadez, qui fut jadis un prospère carrefour de caravanes, puis une destination touristique, avant d’être ruinée par les rébellions touaregs des années 1990 puis par l’activité de groupes djihadistes.