GRECE : EN PLEINE SAISON TOURISTIQUE, LE PAYS EST CONFRONTER A UNE AUGMENTATION DES CAS DE CORONAVIR
Avec officiellement 221 décès liés au virus, la Grèce était jusqu’ici peu touchée par le Covid-19. Mais la reprise de la saison touristique s’est accompagnée d’une multiplication des cas.
Lorsqu’en juillet, Mykonos a vu arriver des touristes grecs, français, italiens, allemands, ce fut un soulagement pour Panos Polikandriotis. Depuis trois ans, il travaille dans l’hôtel familial installé sur la célèbre île des Cyclades qui l’a vu grandir. S’il ne constate pas l’affluence des années précédentes, ni un tourisme aussi international, "c’est mieux que rien", relativise l’hôtelier, dont la location des cinq chambres ne court que jusqu’à la fin du mois d’août. Le secteur du tourisme est vital pour l’économie grecque et déjà le lancement de la saison au mois d’avril a été empêché par la pandémie. En juillet, le pays a connu une chute de 80 % des voyages par rapport à la même période l’an passé. "Nous n’avions pas d’attente pour cet été et finalement, ça s’annonçait plutôt bien", souligne Panos Polikandriotis.
Mais en un jour, Mykonos, mondialement connue pour sa vie nocturne, a changé de visage. Lundi dernier, sur décision gouvernementale, un couvre-feu a été décrété. Au moins jusqu’au 23 août, les bars, les cafés et les restaurants resteront fermés entre minuit et 7 h du matin. Des restrictions également appliquées sur d’autres îles très prisées comme Paros, Santorin, Zakinthos ou Rhodes. La cause : l’augmentation fulgurante dans le pays de cas testés positifs au Covid-19 depuis la fin du mois de juillet.
Un bilan jamais enregistré
"On ne s’attendait pas à de telles mesures en plein été, surtout à Mykonos où les gens viennent pour faire la fête". Le problème, selon Panos Polikandriotis, est l’incertitude qui gagne les esprits. "On ne sait pas si ces restrictions vont se prolonger. Le virus se propage, la situation évolue vite et demain, le gouvernement peut décider un deuxième confinement." Il n’y aura plus, pense-t-il, de nouvelles réservations. "Cette situation n’est pas rassurante pour les touristes. Je les comprends, ils ne prendront pas le risque de venir dans ces conditions."
Et la circulation du virus s’accélère. Pendant deux jours consécutifs, les 12 et 13 août, le nombre de cas détectés positifs par les autorités sanitaires dépassait les 200. Un bilan jamais enregistré depuis le début de la pandémie en Grèce jusqu’ici peu touché par le virus, avec 221 morts.
Face à l’urgence, d’autres mesures sanitaires ont été annoncées. Le port du masque obligatoire s’est élargi à l’ensemble des lieux publics clos ; les événements où il n’est pas possible de s’asseoir ont été annulés ; dans les bars et restaurants, seules les places assises sont autorisées. Aussi, les passagers qui arrivent en avion depuis Malte, la Roumanie ou la Bulgarie devront présenter un test négatif au Covid-19 effectué moins de 72 h auparavant. Une obligation qui concerne aussi, à partir du 17 août, les personnes en provenance notamment, des Pays-Bas, de Suède, de Belgique, d’Albanie ou d’Espagne et tous ceux qui entrent par voie terrestre.
"Nous courons vers une deuxième vague"
Pour le gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis, le changement de cap est important. Depuis le 4 mai et le déconfinement progressif du pays de 11 millions d’habitants, la priorité a été d’attirer les visiteurs étrangers. À travers une communication importante, l’exécutif insistait sur le bon profil épidémiologique de la Grèce et la promesse d’un voyage en toute sécurité.
Mais la politique d’ouverture est mise à mal par la recrudescence des cas. Pour le Dr Ilias Sioras, représentant du personnel à l’hôpital Evangelismos à Athènes, c’est bien avant qu’il aurait fallu réagir afin d’éviter ce pic de contaminations, notamment en testant tous les voyageurs entrant. Car, avec la reprise des vols internationaux le 1er juillet, les tests PCR à l’arrivée sur le territoire sont devenus aléatoires. "Le gouvernement a favorisé le retour des touristes au détriment de la santé publique. Nos bons résultats au niveau national sont anéantis. Il est primordial de tester un maximum de gens dans le pays et à nos frontières", insiste le Dr Ilias Sioras. Il prévient : "nous courrons vers une seconde vague et nos hôpitaux n’auront pas la capacité de l’assumer".
En Grèce, restos et bars ferment à minuit dans les régions touchées
Les autorités grecques durcissent le ton alors que le pays a vu le nombre de cas augmenter depuis l’ouverture du pays aux touristes à la mi-juin. Dans certaines zones, le port du masque est obligatoire en intérieur et extérieur, les fêtes sont interdites et les bars sont fermés de minuit à 7 h.
Les bars et restaurants fermeront désormais à minuit et jusqu’à 07 h heure locale dans les régions les plus touchées en Grèce par le Covid-19 après l’augmentation du nombre des cas du nouveau coronavirus ces derniers jours, a décidé ce vendredi 14 août le gouvernement.
« Cette mesure sera valable jusqu’au 24 août », a indiqué aux médias le secrétaire d’État à la Protection civile Nikos Hardalias.
Parmi les régions les plus touchées figurent la région de l’Attique, département d’Athènes, la région de Thessalonique (nord), la Crète (sud) ainsi que certaines îles, dont Santorin, Paros, Antiparos, Corfou, Mykonos, et les îles du golfe Saronique près d’Athènes, Egine, Ydra et Spetses.
« Vous n’êtes pas invulnérables, soyez prudents »
À Paros et Antiparos, les mesures sont plus strictes : suspension de toute fête, interdiction des rassemblements de plus de neuf personnes et port obligatoire du masque à l’intérieur et l’extérieur.
Nikos Hardalias a appelé « les jeunes à être particulièrement prudents surtout en rentrant de vacances » soulignant que « le risque de contaminer leurs parents ou grands-parents est grand ».
« Vous n’êtes pas invulnérables, soyez prudents », a-t-il conseillé, en recommandant le port du masque pendant une semaine après le retour des vacances.
200 cas quotidiens
Les rassemblements sont limités à 50 personnes maximum dans les régions les plus touchées comme Athènes et Thessalonique, selon Nikos Hardalias. La Grèce est toujours l’un des pays les moins touchés par l’épidémie par rapport aux autres pays européens. Cependant les autorités sont préoccupées par une augmentation significative du nombre de cas, s’élevant quotidiennement à plus de 200. La majorité de cas est enregistrée dans les centres urbains, Athènes et Thessalonique.
Au total le pays compte 6 381 cas depuis la détection du virus fin février dans le pays et 221 décès.