CAMEROUN : LES SECESSIONNISTES ANGLOPHONES NIENT TOUTE IMPLICATION DANS L'ASSASSINAT BRUTAL D
Le meurtre brutal d'une femme dans la région anglophone du Cameroun dont la vidéo circule sur les réseaux sociaux n'est pas l'œuvre de sécessionnistes affiliés à la république autoproclamée d'Ambazonie, selon Chris Anu, son porte-parole.
La vidéo montre une jeune femme, les mains liées derrière le dos. Elle est battue par plusieurs jeunes hommes, qui par la suite lui tranchent la gorge avec une machette avant de jeter son corps au milieu de la route. Ce meurtre a été attribué aux sécessionnistes d'Ambazonie. Mais M. Anu, secrétaire d'État à la communication dans le gouvernement intérimaire d'Ambazonie, a déclaré que les données préliminaires ne permettent pas de conclure que le meurtre a été commis par leurs éléments. Il a ajouté qu’une enquête a été ouverte par les sécessionnistes afin de déterminer les véritables auteurs du meurtre.
"Pendant les quatre années où nous avons été en guerre avec le Cameroun français, même les soldats capturés par nos forces n’ont pas été traités avec une telle barbarie", a déclaré M. Anu au micro de James Butty de la VOA. "Nous ne ciblons personne d'autre que les soldats du Cameroun français", a-t-il ajouté.
Le meurtre impitoyable de la jeune femme a suscité condamnation et indignation aussi bien au Cameroun qu’à l'étranger.
Cameroon Tribune, le quotidien gouvernemental, titrait en une vendredi: "Non à la barbarie sécessionniste". Même son de cloche du côté du Guardian Post, quotidien privé anglophone, qui titre en une : "Quand les libérateurs deviennent des oppresseurs".
Durant le long conflit entre les séparatistes de l'Ambazonie et l’armée camerounaise, les deux parties ont été accusées d'avoir commis des atrocités.
« Un acte inhumain, inacceptable ! »
La victime, Achiri Comfort Tumasang, 35 ans et mère de quatre enfants, était accusée par ses bourreaux de collaborer avec les forces de défense camerounaises. « Cette accusation vient du fait qu’elle a passé le week-end avec un soldat, acte considéré par les combattants séparatistes comme une trahison », explique dans un rapport le Centre des droits de l’homme et de la démocratie en Afrique (CHRDA), une organisation dirigée par l’avocat Agbor Balla.
Depuis la diffusion de cette vidéo macabre, une vague d’indignation s’est emparée de la sphère publique camerounaise. Des leaders de la société civile aux hommes politiques, c’est l’ensemble de la communauté nationale qui a uni sa voix pour condamner cet acte. « Quelle qu’en soit la cause, c’est un acte inhumain, inacceptable ! », s’est ainsi offusqué le bâtonnier Akere Muna sur son compte Twitter.
Si les contradictions de l’histoire ont voulu que dans la mouvance de la première guerre mondiale, les Camerounais des deux rives du fleuve Moungo se retrouvent respectivement dans un territoire sous administration britannique et sous administration française, l’on peut se demander ce qui les différencie fondamentalement au point qu’une poignée d’entre eux, décide de prendre des armes, mettant le pays à feu et à sang. Est-ce parce que certaines parlent couramment l’anglais et les autres s’expriment mieux en français qu’on en arrive à une situation de guerre ?
Certes, cette sale guerre n’oppose pas directement les Camerounais d’expression francophone aux Camerounais d’expression anglophone, des conséquences humaines, économiques, sociales et culturelles du fait de la différence de langues, étrangères de surcroît, sont en train de détruire ce que nos aïeux ont construit depuis des centaines d’années. Des frustrations, il y en a certainement. Sauf qu’elles touchent tous les Camerounais, indépendamment des appartenances religieuses, sociologiques ou linguistiques.