L'EUROPE DOUTE DU RESULTAT DES ELECTIONS EN BIELORUSSIE
L'UE a exprimé mardi ses doutes sur la validité de l'élection du président biélorusse, Alexandre Loukachenko. Durant la nuit de lundi à mardi, les manifestations se sont poursuivies à Minsk et dans les grandes villes, ainsi que les violences policières.
Les manifestations et la répression brutale des forces de l'ordre se sont poursuivies lors d'une deuxième nuit de violences en Biélorussie, après l'élection présidentielle de dimanche. La candidate de l'opposition, Svetlana Tikhanovskaïa, s'est réfugiée en Lituanie auprès de ses enfants, après avoir été détenue durant sept heures par les autorités biélorusses.
Durant la nuit de lundi à mardi, des milliers de personnes ont manifesté à Minsk, la capitale et dans les grandes villes. Des manifestants ont élevé des barricades avec des voitures et divers matériaux pour se protéger des forces de l'ordre. La police a répliqué avec des tirs de balles en caoutchouc, du gaz, des canons à eau et des bombes soniques. Une personne est morte derrière une barricade, alors qu'elle manipulait un explosif.
Mardi dans la journée, la situation s'était calmée. Les unités anti-émeute étaient postées aux endroits stratégiques, alors que les appels à la mobilisation se poursuivaient sur les réseaux sociaux.
Une élection contestée
Le président sortant, Alexandre Loukachenko, 65 ans, a remporté l'élection présidentielle pour la sixième fois consécutive, avec 80% des suffrages. Un score inchangé depuis son arrivée au pouvoir en 1994. De forts soupçons d'irrégularités pèsent sur ces résultats, le décompte des votes ayant eu lieu sans observateurs.
Svetlana Tikhanovskaïa, créditée de 9,9%, conteste ces chiffres, affirmant qu'elle a remporté l'élection. Se sentant menacée, elle a quitté le pays pour rejoindre ses enfants, mis à l'abri depuis plusieurs jours. Son mari, Sergueï Tikhanovsky, est emprisonné depuis mai. Une autre dirigeante de l'opposition, Veronika Tsepkalo, s'est enfuie en Russie.
Selon nos informations, 25 personnes, candidates à l'élection ou activistes de l'opposition, sont enfermées dans les prisons du KGB depuis le début de l'élection. Plus de 3.000 personnes auraient été arrêtées suite aux manifestations.
"Il y a des doutes sur les résultats"
L'UE doute du résultat de la présidentielle. "Sur la base des informations que nous avons, il y a des doutes sur les résultats des élections en Biélorussie", a affirmé mardi Peter Stano, un porte-parole de la Commission européenne. "Les autorités doivent entendre la voix du peuple et respecter les droits fondamentaux", a-t-il ajouté,"le harcèlement, la répression contre les candidats, les journalistes et les manifestants est inacceptable". L'exécutif européen a également appelé à la libération des prisonniers politiques.
es Vingt-sept préparent une déclaration révisant ses relations avec la Biélorussie, à la demande du Haut représentant de l'UE aux Affaires étrangères Josep Borrell. L'UE pourrait prévoir de nouvelles sanctions contre le régime de Loukachenko. Mais le débat est difficile. La Pologne et la Lituanie, soutenus par l'Allemagne, sont les plus demandeurs. La Hongrie, dirigée par l'autocrate Viktor Orban, pourrait imposer son veto. Après les élections de 2012, l'UE avait pris des sanctions contre le régime biélorusse. Celles-ci avaient été adoucies en 2016, suite à une amélioration des relations avec le gouvernement Loukachenko.
Les États-Unis contestent également les résultats. Ces élections "n'ont pas été libres et équitables", a déclaré lundi le secrétaire d'État américain Mike Pompeo. La Maison-Blanche a condamné "la violence continue contre manifestants et la détention de partisans de l'opposition."
La Russie a réitéré son soutien à Alexandre Loukachenko. La Biélorussie, un pays "frère" enclavée entre la Lituanie et la Pologne, est, pour Moscou, un important client pour ses hydrocarbures et une zone tampon contre les forces de l'Otan.