LA POLICE AU BANC DES ACCUSES APRES LA MORT DE GEORGE FLOYD.
Le policier blanc sous le genou duquel George Floyd est mort asphyxié il y a deux semaines doit comparaître lundi pour la première fois devant un tribunal de Minneapolis, ville où l'on s'interroge, comme dans le reste des Etats-Unis, sur la façon de réformer la police en profondeur.
Devenu à travers le monde le visage des brutalités policières depuis la diffusion d'une vidéo le montrant appuyer pendant près de neuf minutes son genou sur le cou d'un Afro-Américain suffocant, Derek Chauvin est convoqué devant un juge du comté de Hennepin à 12H45 (17H45 GMT).
Une première comparution, par vidéo depuis la prison haute sécurité où il est incarcéré, qui devrait être principalement procédurale, consacrée à fixer la caution libératoire de l'ex-policier et une nouvelle date d'audience.
L'ancien policier de 44 ans avait été dans un premier temps inculpé d'homicide involontaire, mais les faits ont été requalifiés en meurtre non prémédité, un chef passible de 40 années de réclusion.
Trois de ses anciens collègues impliqués dans l'arrestation fatale à George Floyd le 25 mai à Minneapolis ont eux été inculpés de complicité de meurtre. Dressant le constat d'une "police structurellement raciste", une majorité des membres du conseil municipal de la plus grande ville du Minnesota, dans le nord des Etats-Unis, a émis dimanche le voeu de la démanteler et de reconstruire en concertation avec la population "un nouveau modèle de sécurité publique".
- "Abolir la police" -
Partout dans le pays, des dizaines de milliers de personnes, noires et blanches, rassemblées dans un même mouvement de colère contre le racisme et les violences policières, sont encore descendues dans la rue ce week-end de façon pacifique, à l'exception d'un incident à Seattle, où un homme armé s'est approché d'un cortège en voiture et a ouvert le feu, faisant un blessé.
Sur leurs pancartes, aux côtés du cri de ralliement "Black Lives Matter" (Les vies noires comptent), de plus en plus demandaient à "cesser de financer la police". Un appel entendu par des élus démocrates du Congrès américain, qui veulent s'attaquer à ce qu'ils estiment être le fruit d'un racisme gangrénant l'histoire des Etats-Unis depuis l'esclavage, en présentant lundi une loi destinée à réformer la police sur l'ensemble du territoire.
Le président Donald Trump, qui doit participer dans le même temps à une table-ronde à la Maison Blanche avec des responsables des forces de l'ordre, continue lui de vouloir afficher aux yeux de sa base électorale la même fermeté que depuis le début du mouvement.
A cinq mois de la présidentielle, le milliardaire républicain, en campagne pour sa réélection, a encore tweeté lundi son nouveau mantra: "la loi et l'ordre". "La gauche radicale démocrate est devenue folle", a-t-il écrit, accusant l'opposition de vouloir "abolir la police".
- Houston pleure un "grand frère" -
Joe Biden, qui lui fera face dans les urnes le 3 novembre, doit rencontrer en privé la famille de George Floyd à Houston, au Texas, où le père de famille de 46 ans avait vécu de nombreuses années avant de partir s'installer à Minneapolis.
Au cours d'une dernière cérémonie publique lundi, la foule pourra venir se recueillir devant son cercueil avant ses obsèques mardi dans l'intimité familiale. "Sa taille imposait le respect, mais ce n'était pas une brute ou rien de ce genre", se souvient l'un de ses amis, Mallory Jackson, dans le quartier majoritairement noir de la ville texane, Third Ward. "Il était toujours dans son rôle de grand frère".
La mort de George Floyd a déclenché une vague de protestation que les Etats-Unis n'avaient plus connu depuis les années 1960 et le mouvement pour les droits civiques. De Paris à Bristol, au Royaume-Uni, en passant par l'Australie, la colère a dépassé les frontières américaines pour s'étendre sur plusieurs continents, dans un monde ébranlé par la pandémie de Covid-19, qui a encore creusé les inégalités sociales.