AU BRESIL, L’EPIDEMIE DE CORONAVIRUS PERMET LE RETOUR AU TRAVAIL DES MEDECINS CUBAINS
En 2018, Cuba avait rapatrié la plupart des docteurs envoyés en renfort dans des régions reculées brésiliennes, mais plusieurs centaines d’entre eux avaient décidé de rester malgré l’interdiction d’exercer.
Maria Ochoa est un peu perdue dans ses émotions. « En tant que médecin, je suis bien sûr très préoccupée par le coronavirus… et, en même temps, si heureuse de pouvoir recommencer à travailler ! », confie par téléphone cette docteure cubaine de 52 ans, désormais basée à Olinda (Pernambouc), sur la côte nordestine brésilienne.
En ce début mai, comme plusieurs centaines d’autres docteurs originaires de l’île caribéenne, et en pleine pandémie due au coronavirus – qui avait fait presque 14 000 morts au jeudi 14 mai –, Maria Ochoa a pu réintégrer le célèbre programme social « Mais Medicos » (« plus de médecins ») qui, grâce à l’envoi de milliers de médecins étrangers, pour l’essentiel cubains, a permis d’offrir des soins basiques aux populations des régions les plus pauvres du Brésil.
Le programme fut lancé avec succès en 2013 par la gauche du Parti des travailleurs (PT) au pouvoir. Mais tout change en novembre 2018. En conflit ouvert avec le nouveau président d’extrême droite Jair Bolsonaro, La Havane met brutalement fin à sa participation à « Mais Medicos ». Environ 8 300 Cubanos travaillant au Brésil se retrouvent sans emploi et interdits d’exercer. Quelque 1 800 d’entre eux ne repartiront pas chez eux.
Exaspéré par les attaques de Jair Bolsonaro, Cuba rapatrie ses médecins
« J’étais en couple avec un Brésilien, j’ai donc décidé de rester au Brésil », se souvient Maria Ochoa, alors affectée depuis près de cinq ans dans la miséreuse cité amazonienne de Cujubim (Rondônia). Les mois qui suivent sont difficiles. « Dans la région, il n’y avait pas de travail pour moi, même comme vendeuse dans les pharmacies… pour survivre, j’ai commencé à donner des cours d’espagnol dans la capitale de l’Etat, Porto Velho », se rappelle Maria Ochoa. Une véritable humiliation pour cette spécialiste en gériatrie, avec trois décennies de carrière derrière elle : « Je suis tombée en dépression. »