ESPAGNE : JUAN CARLOS CHOQUE L’ESPAGNE EN S’INSTALLANT A ABU DHABI
Après deux semaines de spéculations médiatiques, après 14 jours de silence en guise de réponse aux questions des journalistes, la Maison d’Espagne a finalement confirmé par un simple SMS le lieu de résidence de l’ex-roi d’Espagne, Juan Carlos Ier .
«Sa Majesté le roi Juan Carlos a indiqué à la Maison de Sa Majesté le roi de communiquer que le 3 août dernier, elle s’est déplacée aux Émirats arabes unis, où elle demeure actuellement», indique le message envoyé lundi après-midi à la presse. Le roi émérite vit donc à Abu Dhabi, et cela depuis le jour de l’annonce de sa décision de quitter l’Espagne. Cette mesure avait été justifiée, dans une lettre de Juan Carlos à son fils Felipe VI, par le souci d’éviter que «certains événements passés de [sa] vie privée» n’entravent «l’exercice des hautes responsabilités [du roi actuel] dans le calme et la tranquillité».
uan Carlos avait annoncé le 3 août qu'il partait pour "rendre le meilleur service aux Espagnols, à leurs institutions", et à son fils et successeur, Felipe VI, au moment où les justices suisse et espagnole épluchent ses comptes en banque de l'ancien monarque. Ce dernier avait fait savoir par son avocat qu'il restait à la disposition de la justice si besoin était.
Un départ mal vu par l'opinion
Aucune enquête ne vise à ce jour Juan Carlos lui-même, mais les accusations d'une ancienne maîtresse, Corinna Larsen, relayées par la presse, ont éveillé la curiosité d'un procureur de Genève sur sa fortune qu'il aurait placée sur des comptes secrets en Suisse. L'ancien monarque, qui entretient des liens étroits avec les monarchies du Golfe, y aurait notamment reçu 100 millions de dollars de l'Arabie saoudite en 2008.
Les procureurs de la Cour suprême espagnole, seule habilité à juger un ancien souverain, cherchent eux à savoir si la conclusion d'un contrat pour la construction d'un train à grande vitesse en Arabie saoudite aurait donné lieu à des commissions illégales et si le roi Juan Carlos en aurait bénéficié, comme l'affirme Corinna Larsen.
Les révélations de la presse sur l'enquête se sont succédé, accentuant la pression sur la maison royale qui a encouragé ce départ à l'étranger, avec l'accord du gouvernement. Le départ en exil de Juan Carlos n'a pas été bien accueilli en Espagne. Selon un sondage publié dimanche par ABC, journal favorable à la couronne, 56% d'un échantillon de 802 personnes le désapprouvent, tandis que 61% estiment qu'il nuit à son fils.