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DES RESPONSABLES MALIENS ACCUSES DE COMPROMETTRE L’ACCORD DE PAIX PAR DES EXPERTS DE L’ONU

Des experts de l’ONU accusent des hauts responsables de l’armée malienne et des services de renseignements de « compromettre » l’application de l’accord de paix d’Alger, en dépit d’appels pressants de la communauté internationale pour résoudre la crise.

Ce rapport, remis au Conseil de sécurité de l’ONU le 7 août, n’a pas encore été rendu public. L’AFP en a pris connaissance vendredi, alors que le Mali fait depuis plusieurs mois face à une nouvelle contestation politique majeure, qui réclame la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta. Ce rapport détaille la « méfiance » et la « confusion » créées par l’obstruction par de hauts responsables maliens de l’application de l’accord de paix signé en 2015 entre Bamako et les groupes armés, feuille de route censée résoudre la profonde crise sécuritaire débutée en 2012 avec le soulèvement de groupes armés indépendantistes touareg, puis jihadistes dans le nord du pays. Les responsables maliens, qui ont « menacé et retardé » l’application de l’accord, devraient selon les experts être « tenus responsables » par le Comité de sanctions de l’ONU, qui doit se réunir prochainement.

Parmi les personnalités visées, l’ancien chef d’Etat major de l’armée de terre (2019-2020), le général Keba Sangaré, qui est notamment accusé de « prises de décision douteuses » lors du redéploiement programmé d’éléments de l’armée malienne dans le nord du pays fin 2019.

L’accord de paix implique un redéploiement progressif de l’armée nationale dans les principales villes du nord du pays, sous la forme de bataillons mixtes d’une armée dite reconstituée composés à ratio égal des forces armées maliennes, des combattants de l’ex-rébellion et des groupes armés progouvernement.

Certains de ces bataillons mixtes ont fini leur entrainement officiel le 2 septembre 2019, d’après le rapport onusien, mais ont reçu leur lieu d’affection par l’Etat-major « seulement en décembre », retard « largement » imputable à une décision de M. Sangaré selon les experts.

Ces derniers pointent également du doigt les services de renseignement maliens, devenus selon eux « vecteurs » d’une « stratégie non officielle (des autorités) visant à entraver la mise en oeuvre de l’Accord ».

Selon le rapport, la Direction générale de la sécurité d’Etat (DGSE) « a incité, encouragé et facilité la fragmentation de la Coordination des mouvements de l’Azawad », la principale alliance signataire de l’accord de paix de groupes armés ex-rebelles, en « finançant » des « individus clés qui ont créé des groupes dissidents » du MNLA, l’un des principaux groupes armés membres de la CMA, en 2016.

Les principaux griefs

Ce redéploiement progressif de l’armée nationale dans les principales villes du nord du pays doit se faire sous la forme de bataillons mixtes d’une armée dite reconstituée composés à ratio égal des forces armées maliennes, des combattants de l’ex-rébellion et des groupes armés pro-gouvernement.

Certains de ces bataillons mixtes ont fini leur entrainement officiel le 2 septembre 2019, dit le rapport onusien, mais ont reçu leur lieu d’affection par l’état-major « seulement en décembre », retard « largement » imputable à une décision de M. Sangaré selon les experts.

Entre temps, la plupart des soldats (pour la majorité originaire du nord du Mali, sans famille à Bamako selon l’ONU) « n’ont pas reçu de moyens de transport pour retourner dans leur région d’origine ».

Ces événements symbolisent à la fois les « erreurs de planification » mais aussi les « tactiques dilatoires du gouvernement » dans l’application de l’accord de paix. Le général Sangaré est également ciblé pour son rôle lors de l’attaque en février d’Ogossagou, un village peul du centre du Mali déjà attaqué en 2019 (160 morts). L’armée malienne, qui avait été déployée dans Ogossagou après cette première attaque, avait été largement critiquée par les ONG pour avoir quitté les lieux quelques heures avant la seconde attaque, le 14 février 2020.

Les experts pointent également du doigt les services de renseignement maliens, devenus selon eux « vecteurs » d’une « stratégie non officielle (des autorités) visant à entraver la mise en oeuvre de l’Accord ».

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